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2. Construire dans la joie

Dernière mise à jour : 25 avr. 2023

Il est temps de faire de la lutte pour notre survie une source de plaisir grâce à l’alimentation.



“Qui pense ne pas pouvoir changer les choses ?”. 20 mains se levèrent timidement, soit la totalité de la classe de CM1 assise ce matin dans les locaux de l’Académie du Climat. “On est des enfants” “si les grosses entreprises ne changent pas, ça sert à rien” “ on sait pas comment faire “ “ça fait peur” “il y a beaucoup trop à changer” “c’est trop difficile” . Leurs réponses résumaient parfaitement le sentiment d’éco-anxiété : peur, découragement, paralysie, inaction, culpabilité. Durant les 3 heures qui suivirent, nous avons décortiqué nos comportements alimentaires pour mieux comprendre comment agir simplement au quotidien. Surtout, nous avons cuisiné et partagé un repas ensemble. A la fin, 20 mains se sont à nouveau levées pour signifier cette fois qu’elles pouvaient - et surtout voulaient - changer les choses . Nous avions juste changé de paradigme : miser sur la joie et le partage, plutôt que sur l’isolement et la peur.


" Chaque semaine, nous constatons lors de nos ateliers à l'Académie du Climat pour la Mairie de Paris avec a L'école comestible l'efficacité de cette approche "

Le potentiel alimentaire


L’impact néfaste de l’alimentation sur notre monde n’est plus à démontrer. Déforestation, effondrement de la biodiversité, destruction des sols, pollution des eaux, violences animales, émissions de gaz à effet de serre ... L'obésité explose ainsi que ses conséquences financières sur les systèmes de santé. La FAO alerte qu’une des prochaines crises sanitaires pourrait être la résistance aux antibiotiques née de la consommation de viandes industrielles bourrées de produits chimiques. Les forêts, jungles et espèces qui les peuplent disparaissent, entraînant avec elles toute la beauté de notre monde. L’utilisation des pesticides par l’agriculture intensive acidifie les océans, détruisant tout un univers onirique .... La liste est encore longue. Envie de changer les choses sans trop savoir comment ? Allons au plus simple et faisons de l’alimentation - une partie de - la solution. Sa responsabilité est avérée, ce qui veut donc dire que son potentiel de réponse est immense, au moins équivalent aux dégâts causés. Chaque jour, à travers ce que nous achetons, cuisinons, consommons, réutilisons, compostons, savourons … nous pouvons activement transformer notre monde. Est-il cependant possible de faire de l’une de nos activités préférées un instrument de lutte sans basculer dans l’angoisse vertigineuse de l’éco-anxiété ?


"Sa responsabilité (de l'alimentation) est avérée, ce qui veut donc dire que son potentiel de réponse est immense"

Une des premières sources de joie


Entre en jeu la notion essentielle de joie. Lequel de ces deux discours vous attirent le plus ? “Arrête de manger de la viande tu détruis tout, fais attention à ce que tout soit de saison et idéalement local, pas d’emballage plastique tu vas tuer un dauphin, non mais t’es complètement malade t’as acheté des courgettes en février” VS “Viens, on va faire les courses pour préparer un repas pour les copains. Avec tout ce qu’on a appris sur On Mange Quoi ? on va cuisiner quelque chose de délicieux, sain et gourmand, qui soit bon pour la planète et ça va être génial de passer ce moment ensemble” . Morale, isolement et culpabilité VS plaisir, partage et sensibilité : choisissez votre camp. Manger est un plaisir. Se rassembler pour partager est une joie. Nous avons tous en mémoire ces moments passés autour d’une table à rire, à échanger, à se confier, à imaginer, à vouloir construire, à savourer. La plus belle célébration du monde vivant se fait autour de la table. Que celle ci devienne un vecteur d’action et d’engagement n’a pas à rimer avec privation et inquiétude : il s’agit tout simplement de réapprendre des comportements, intégrer certaines informations et de mettre en place quelques petites astuces (spoiler : tout cela sera disponibles sur ce site). Le plaisir de la table verra alors son potentiel décuplé, mêlant joie et engagement. Mais est-ce suffisant pour faire changer les choses ?


" La plus belle célébration du monde vivant se fait autour de la table. Que celle ci devienne un vecteur d’action et d’engagement"

L'effet boule de neige


Il nous sera justement opposé ici que rien ne pourra vraiment changer sans l’implication des pouvoirs publics et une action de la part des grandes entreprise. L’impuissance du colibri se comprend : comment puis-je éteindre le feu de la forêt, goutte par goutte, alors qu’une armée continue de jeter de l’essence sur le feu ? Là encore, changeons de paradigme. Nous commencerons par adopter le même cynisme que le monde industriel en nous attaquant à l'une des racines du problème : l’argent. Aborder de façon réaliste l’alimentation implique de reconnaître que les dérives évoquées ne sont que les conséquences des dérives du système capitaliste cherchant à optimiser ses profits à n’importe quel coût, humain comme écologique. En payant des produits qui n’ont à coeur ni notre bien-être, ni notre futur, nous donnons le pouvoir à ceux qui ne feront jamais d’un monde meilleur la priorité. Vient alors ce changement de paradigme : notre argent n’est pas un ennemi. Il est, au contraire, notre moyen d’action le plus puissant. Imaginons que demain, 51% de la population française décide de réduire drastiquement sa consommation de viande pour ne garder que la mieux produite, mette l’accent sur le végétal, n’accepte que des produits non industrialisés, avec du goût, saisonniers, sans nitrates ni pesticides ni produits chimiques dangereux pour la santé, refuse le marketing racoleur … Cela signifie que 51% des flux financiers de consommation n’iraient plus aux industriels (qui concentrent pourtant aujourd’hui 92% des achats alimentaires). Ceux-ci devront transformer leur offre pour répondre à cette nouvelle demande majoritaire et continuer de gagner leur cher argent, entraînant de profonds changements systémiques. Imaginons un instant nos supermarchés proposant principalement des produits frais, beaux, bons, excellents pour notre santé, issus de circuits vertueux, avec un impact positif sur notre monde. Nos comportements alimentaires peuvent changer le monde. Et cela peut simplement commencer par une bouchée de joie.


" Nos comportements alimentaires peuvent changer le monde. Et cela peut commencer par une bouchée de joie"

Chaque semaine, nous constatons lors de nos ateliers à l'Académie du Climat pour la Mairie de Paris avec L'école comestible l'efficacité de cette approche. Les bénéficiaires s'ouvrent, écoutent, se sentent concernés, veulent agir. Notre société ne pourra profondément se transformer que si nous apprenons à distiller de la joie dans nos luttes. Rêvons et vivons ensemble un nouvel imaginaire : un nouveau sens citoyen peut naître à travers l'alimentation. Pour reprendre les termes du chef Olivier Roellinger et de la journaliste Camille Labro, fondatrice de L’école comestible, la révolution délicieuse est en marche.



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